Thèse : « Etiam peccata ? La mise à profit des péchés dans l’économie du salut, selon Augustin d’Hippone »
De Frère Hugues Vermès, o.praem
Frère Hugues Vermès o.praem, doctorant et enseignant en patristique au Centre Sèvres, a soutenu le 14 octobre 2022 au Centre Sèvres sa thèse en études patristiques. Elle a reçu la mention « très bien avec les félicitations du jury », ce dernier étant composé de Michel Fédou sj (Centre Sèvres, président du jury), Isabelle Bochet sfx (Centre Sèvres, directrice de thèse), Martine Duley (EPHE), Mathijs Lamberigts (K. U. Leuven) et Alain Thomasset sj (Centre Sèvres).
Titre de la thèse : « Etiam peccata ? La mise à profit des péchés dans l’économie du salut, selon Augustin d’Hippone »
Frère Hugues Vermès a expliqué le point de départ de sa recherche, motivée d’une part par son expérience d’aumônier de prison et d’autre part par un débat entre spécialistes d’Augustin sur l’attribution à ce dernier de l’adage « etiam peccata » (même les péchés), compris comme ajout à Rm 8, 28 : « pour ceux qui l’aiment, Dieu fait tout contribuer à leur bien »… même les péchés. Après avoir exposé les axes de sa méthode, Hugues Vermès a relevé quelques résultats significatifs de sa recherche : premièrement, l’adage « etiam peccata », compris comme glose de Rm 8, 28, n’est certes pas fidèle à l’expression augustinienne (ces mots ne sont jamais utilisés en ce sens), mais est fidèle à la pensée d’Augustin qui met souvent en avant la mise à profit des péchés. Ce n’est qu’au Moyen Âge que les mots « etiam peccata » ont été ajouté à Rm 8, 28 (au XIIe siècle), puis que cet ajout a été attribué à Augustin (au XIIIe siècle).
Deuxièmement, lorsqu’Augustin affirme que Dieu fait le bien même à partir des péchés, en utilisant les péchés et leurs conséquences, il présente toujours l’humilité comme finalité de cette mise à profit : qu’il soit pardonné de son péché, corrigé par la peine immanente au péché, instruit par le contre-exemple des pécheurs, l’homme reconnaît son indigence, son incapacité à suivre Dieu par ses propres forces, l’homme reconnaît le besoin de la grâce. Troisième résultat important : le rôle du Christ dont la mort et la résurrection constitue un exemple éminent de mise à profit du péché, exemplum (c’est-à-dire modèle et preuve) du fait que Dieu réalise un bien à partir du mal humain.