Nourrir la mémoire, travailler l’imagination
Le pape François a écrit récemment deux lettres, une sur la littérature et l’autre sur l’histoire. Une intuition forte des Facultés Loyola est ainsi confirmée : nos formations se structurent autour de la lecture intégrale de grandes œuvres, en philosophie et en théologie bien sûr, mais aussi, et c’est fondamental, en histoire et en littérature. Paul Ricoeur avait aussi montré que lire des œuvres entières est essentiel dans la formation d’une identité fondée et ouverte, grâce à l’histoire – qui nourrit la mémoire – et à la fiction – qui fait travailler l’imagination.
Mémoire et imagination nous inscrivent dans le temps : depuis l’avenir, la fiction ouvre des possibilités jusqu’ici inaperçues, et depuis le passé, l’histoire renoue avec des promesses enfouies. Dans un temps où l’avenir (le climat se réchauffe, les extrémismes montent) et le passé (le souvenir des violences sexuelles, sociales, culturelles) s’obscurcissent, la lecture est vitale comme médiatrice de lumière et d’espérance.
Ce rappel est précieux au moment où la patience de la lecture est mise à l’épreuve de l’immédiateté de l’accès à une multitude de données via internet, avec l’appui désormais des intelligences artificielles. Comment recevoir ces outils avec discernement ? Comment en faire usage d’une manière formatrice ? Peut-être en nous demandant comment ils peuvent nous aider à nourrir le goût de la lecture ?
Guilhem Causse sj
Directeur du 1er canonique aux Facultés Loyola Paris