[Congrès international] À l’écoute de Gaston Fessard sj : son actualité, sa pensée, ses dialogues
Gaston Fessard (1897-1978) comprenait sa démarche comme « une étroite galerie qui fraye à travers l’existence historique le chemin de la théologie à la philosophie ». De l’examen de conscience de Pax Nostra (1936) aux inédits de Hegel, le Christianisme et l’Histoire (1990) en passant par La dialectique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola (1956-1984), il a ainsi éclairé son époque en témoin engagé d’une foi incarnée dans l’histoire. Il reste d’une pertinence remarquable pour éclairer les crises contemporaines.
L’œuvre de Fessard manifeste la manière dont le discernement spirituel peut aider à naviguer entre les extrêmes idéologiques. Son appel à intégrer foi et raison dans le débat public offre une voie précieuse pour construire une paix authentique et durable.
Ce colloque international explorera l’actualité de la pensée fessardienne en interrogeant son apport au discernement sur les questions politiques et sociales contemporaines, au regard de ses fameuses dialectiques fondamentales de la société : la dialectique du maître et de l’esclave, issue de son analyse de Hegel ; celle de l’homme et de la femme, s’originant dans ses lectures de Marx ; la dialectique du juif et du païen, qui constitue le principe de résolution des conflits du monde.
Trois grands axes structureront ces journées d’échange :
- une histoire chrétienne au service de la communauté humaine ;
- pensée et dialogues : la liberté dans l’histoire ; société et religion ;
- Fessard pour comprendre les murs de nos divisions.
À travers les interventions de chercheurs issus de divers horizons académiques, ce colloque vise à réexaminer la pensée de Fessard comme un outil de discernement pour notre époque. Plus qu’une simple relecture historique, ces échanges offriront des clés pour comprendre comment une philosophie ancrée dans la foi peut encore éclairer les grands enjeux de notre temps.
Possibilité de participer au colloque entier ou à une journée.
- Facultés Loyola Paris, 35 bis rue de Sèvres, Paris 6è
- Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy, Paris 5è
Programme
Jeudi 26 juin, Facultés Loyola Paris
Matinée :
UNE HISTOIRE CHRÉTIENNE AU SERVICE DE LA COMMUNAUTÉ HUMAINE
Modératrice : Dominique Coatanea
9h-9h10 Accueil par Louis Lourme, recteur des Facultés Loyola Paris ; introduction de José Sols et Dominique Coatanea
9h10-9h50 Gaston Fessard (1897-1978), une vie dans l’actualité historique – Alban MASSIE, Facultés Loyola Paris
Gaston Fessard (1897-1978) comprenait sa démarche comme « une étroite galerie qui fraye à travers l’existence historique le chemin de la théologie à la philosophie ». De l’examen de conscience de Pax Nostra (1936) aux inédits de Hegel, le Christianisme et l’Histoire (1990) en passant par La dialectique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola (1956-1984), il a ainsi éclairé son époque en témoin engagé d’une foi incarnée dans l’histoire.
9h50-10h10 Questions et dialogue
Pause
10h30-10h50 Une collaboration « dialectique » : Blondel-Fessard – Marie-Jeanne COUTAGNE, Studium de Notre Dame de Vie
Le Père Gaston Fessard entre dans le cercle des proches de Maurice Blondel au moment où le philosophe d’Aix aborde la seconde partie de son œuvre. Il participe à la réédition de la petite thèse blondélienne sur Leibniz, et Blondel ne manque pas de lui exprimer sa profonde gratitude. Blondel et Fessard ont en commun une pensée dialectique comme est dialectique aussi le dialogue qui s’instaure entre eux. C’est ce que nous tenterons de dégager.
10h50-11h10 Lubac et Fessard : compagnons d’armes dans le combat spirituel – Marie-Gabrielle LEMAIRE, Université de Namur
Depuis son entrée dans la Compagnie de Jésus jusqu’à son décès en 1978, Gaston Fessard a été l’un des amis les plus proches du P. de Lubac. L’abondante correspondance qui existe entre les deux Jésuites attestent d’une collaboration intense tout au long de leurs carrières théologiques respectives autour des plus grandes questions de leur temps.
11h10-11h30 Simone Weil et Gaston Fessard : la résistance contre le nazisme ou « la direction de conscience à l’échelle d’un pays » (S. Weil) – Emmanuel GABELLIERI, Université catholique de Lyon
Simone Weil rompit avec le pacifisme en 1939. Avait-elle lu Pax nostra ? Il est au moins possible de montrer son parallèle avec G. Fessard. Les indices existent : de son engagement dans le Témoignage chrétien clandestin à Marseille sous la houlette du père Perrin, jusqu’à la manière dont les textes de Londres reprennent avec insistance la question de la « légitimité du pouvoir », l’idée d’un « examen de conscience » appliqué à l’histoire de France, de l’Europe et du monde, en passant par l’action de la Résistance et de la France libre comme devant être « direction de conscience à l’échelle d’un pays ».
11h30-11h50 Questions et dialogue
Après-midi :
PENSÉE ET DIALOGUES (1) : LA LIBERTÉ DANS L’HISTOIRE
Modérateur : Augustin Bourgue
14h30-15h10 « Attendre mon être de l’avenir où il me sera donné » : significations et figures de l’avenir dans La Dialectique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, tome I – David RABOURDIN, Collège des Bernardins
L’étude des significations contrastées et des figures mouvantes de l’avenir rencontrées au long de La Dialectique des Exercices conduit au cœur de l’œuvre de G. Fessard. Elle permet à la fois de se tenir au plus près de la liberté singulière et de son acte propre, l’élection, et d’en envisager la portée historique et universelle la plus vaste, car c’est dans les figures de l’avenir que se laisse lire le sens de « la libre décision par laquelle [se] constitue la réalité humaine, tant sociale qu’individuelle ».
15h10-15h30 Questions et dialogue
Pause
15h50-16h10 La liberté dans La Dialectique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola – Pascal IDE, Collège des Bernardins
Relire les Exercices spirituels à partir du couple être/non-être fait approcher de l’acte de liberté de manière originale. Entre anthropologie et éthique, c’est ce que nous regarderons en dialogue avec d’autres penseurs de la liberté.
16h10-16h30 Face aux chrétiens progressistes – Agnès LOUIS, Université du Littoral Côte d’Opale
À la fin des années 1940, les chrétiens progressistes justifient leur soutien aux communistes au nom de la nécessité « d’incarner » l’évangile dans les relations sociales. Certains invoquent aussi la séparation du temporel et du spirituel pour attribuer au communisme une autorité naturelle dans le champ politique. Fessard leur répond en développant une réflexion précise sur l’histoire et les rapports entre politique et religion qui éclaire encore nos débats contemporains.
16h30-17h10 Questions et dialogue
18h Réception aux Facultés Loyola Paris
Vendredi 27 juin, Collège des Bernardins
Matinée :
PENSÉE ET DIALOGUES (2) : RELIGION ET SOCIÉTÉ
Modérateur : Alban Massie
9h-9h10 Accueil par Jean-Baptiste Arnaud, président de la Faculté Notre-Dame ; introduction de José Sols et Dominique Coatanea
9h10-9h50 Le discernement des religions séculières – Giulio DE LIGIO, Université catholique de l’Ouest
Par des œuvres comme France, prends garde de perdre ton âme (1941) et France, prends garde de perdre ta liberté (1946) Gaston Fessard fut pour des croyants et des citoyens une sentinelle dans la nuit. Il contribua à dévoiler les ressorts profonds des idéologies totalitaires, la racine « religieuse » de la séduction politique qu’elles exerçaient. Ses avertissements illustrent une méthode de discernement. Ils préparent encore le jugement à reconnaître la tyrannie et l’idolâtrie. Ils aident surtout à comprendre les chutes des nations à la lumière du mystère de la société, de l’histoire du salut.
9h50-10h10 Questions et dialogue
Pause
10h30-10h50 Lire notre histoire à travers la dialectique païen-juif – Ana PETRACHE, Université Angelicum, Rome
Au croisement de la théologie de l’histoire, de la théologie politique et de la théologie des religions comme clé d’interprétation de l’actualité historique, se trouve la dialectique entre le Païen et le Juif, perçue comme le paradigme de toute forme d’inimitié. Cette dialectique, lorsqu’elle est appréhendée dans toute sa complexité, constitue le cœur du système de philosophie historique de Fessard et offre un cadre pour élaborer une stratégie de réconciliation des oppositions
10h50-11h10 Fessard et la théologie de la libération – José SOLS, Université Ibéro-Américaine de Mexico City
Gaston Fessard est l’un des auteurs européens qui se sont prononcés ouvertement contre plusieurs options de la théologie de la libération, notamment celles du salésien Giulio Girardi. Or, une analyse comparative exhaustive des pensées de Fessard et d’un autre jésuite philosophe et théologien, Ignacio Ellacuría (assassiné au Salvador en 1989) nous montre la proximité de leurs thèses sur l’action des chrétiens dans l’actualité historique.
11h10-11h50 Questions et dialogue
Après-midi :
FESSARD POUR COMPRENDRE LES MURS DE NOS DIVISIONS
Modérateur : Giulio de Ligio
14h30-14h50 Les enjeux de la fraternité – Dominique COATANEA, Facultés Loyola Paris
La dialectique homme- femme dans l’œuvre de Fessard est décisive pour penser le juste exercice social du droit et de la justice. Interroger cette tension dialectique, du plus intime au plus large de la vie commune, invite à préciser un processus déterminant pour articuler amitié sociale et fraternité universelle (Fratelli Tutti).
14h50-15h10 « L’amour peut tout au plus fonder une famille humaine » (Hegel)… La dialectique de l’homme et de la femme comme fondement de la société humaine. Une analyse critique – Emmanuel TOURPE
Fondée sur la « dialectique des libertés » (celle des Exercices), solidement arrimée à la dialectique du Juif et du Païen d’une part, du Maître et de l’esclave d’autre part, la dialectique de l’homme et de la femme est au cœur du discernement de l’actualité chez Fessard. L’amour de l’homme et de la femme, contrairement à ce que pense Hegel, fonde le social. La posture de Fessard est-elle tenable ? À quelles conditions ?
15h10-15h30 Questions et dialogue
Pause
15h50-16h10 Une lecture cosmopolitique de Pax Nostra – Louis LOURME, Facultés Loyola Paris
L’intervention propose une lecture de Pax Nostra au prisme des études cosmopolitiques contemporaines, avec pour ambition de repérer les intuitions permettant de prendre au sérieux l’hypothèse d’une citoyenneté mondiale. En quel sens la conception fessardienne de l’universel et du particulier permet-elle d’interroger l’idéal cosmopolitique ?
16h10-16h30 Où vont les nations ? – Augustin BOURGUE, Collège des Bernardins
Alors que les grandes puissances contestent l’ordre international hérité de la seconde guerre mondiale et promeuvent la poursuite de l’intérêt national, la méthode et les critères de l’examen de conscience international que constitue Pax Nostra (1935) peuvent éclairer le discernement d’une ligne de conduite politique juste et charitable.
16h30-17h10 Questions et dialogue
17h10 Conclusion et remerciements
Comité scientifique : P. Augustin Bourgue (Faculté Notre-Dame, Paris), Mme Dominique Coatanéa (Facultés Loyola Paris), M. Giulio De Ligio (Université Catholique de l’Ouest, Angers), P. Alban Massie s.j. (Facultés Loyola Paris), M. José Sols (Universidad Iberoamericana Ciudad de México)